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présenté par l'AIRE à l'AG du MART le 11 décembre
2008
Qu'est ce que l'Eygoutier ?
L'Eygoutier est une petite rivière de 15 km du sud-est de la France,
qui se jette en Méditerranée, dans la grand'rade de TOULON, le port
de guerre le plus important d'Europe. Il draine, avec ses 7 affluents,
tout l'est de l'agglomération. Son bassin versant de 70 km2
couvre 9 communes ; il a une forme de cuvette encerclée par des reliefs
qui culminent à 700 mètres.
La région subissant un régime de pluies de type orageux méditerranéen,
l'Eygoutier ayant un faible pente et des exutoires à la mer insuffisants,
il est fréquent que la plaine de La Garde et les quartiers de l'est
de Toulon soient inondés.
L'Eygoutier : la rivière de l'est toulonnais
L'Eygoutier prend sa source à la Crau, puis traverse le Plan de la
Garde où il reçoit 5 affluents : le Lambert et le Réganas qui viennent
de la Farlède, la Règue et l'Artaude qui viennent du Pradet, la Planquette
qui a donné son nom à un quartier de la Garde ; ensuite l'Eygoutier
sort du Plan au Pas de la Clue (clue signifie "rétrécissement").
A partir de là, il se dirige vers Toulon, passe sous le vieux pont du
Suve (il y avait là, jadis, un énorme chêne liège = suvé en provençal)
et le boulevard E.V. Guès : il a alors quitté la Garde et suit la piste
cyclable jusqu'à la "Barre" ; dans cette partie de son cours,
le Conseil Général a acquis des terrains et aménagé une promenade pour
qu'il soit accessible au public. Autrefois il était bordé là de mûriers
d'où son autre nom "rivière des amoureux" déformation de « riviero
deis amourié (muriers) ». A la Ressence, il reçoit encore deux
affluents provenant de la Valette : le Sainte Musse et le Saint Joseph
qui ne sont jamais à sec. Peu après l'Eygoutier est enterré sous 2,5
km d'autoroute dont il ressort à l'entrée de la Rode, assez vilainement
canalisé entre des berges de fer et béton, jusqu'à Bazeilles où il replonge
sous terre. Le bassin versant de l'Eygoutier couvre 7000 ha.
L'Eygoutier n'a pas d'embouchure naturelle : sous Colbert il a été
dévié du port qu'il ensablait) par un tunnel creusé en 1856 sous le
fort Lamalgue (45m3/s) et qui aboutit près du fort Saint
Louis au Mourillon. Plus tard, de 1889 à 1892, pour limiter les fréquentes
et graves inondations de Toulon, un deuxième tunnel, exutoire de crues,
a été percé du Pas de la Clue à l'anse San Peyre (25m3/s).
Ces deux ouvrages sont devenus insuffisants parce que l'urbanisation
intense a rendu imperméables des surfaces considérables qui autrefois
absorbaient la majeure partie des eaux de pluie ; simultanément la météo
a changé et on connaît aujourd'hui des précipitations beaucoup plus
importantes et massives.
A la suite de l'inondation « centennale » de janvier 1978,
(où après 5 jours de pluie, suivis de 160 millimètres en 24 heures,
les débits dépassèrent 200 m3/s) le S.I.A.H.E, Syndicat intercommunal
pour les aménagements hydrauliques de l'Eygoutier, a fait étudier un
projet pour remédier à cette situation : il était remarquable... mais
tellement grandiose et coûteux (156 MF HT 93 ~ 24 M€) qu'il a
été mis en sommeil ; de plus il était fondé sur le principe de rejet
"tout à la mer" des eaux de crues, qui n'est plus de mise
aujourd'hui, pour de bonnes raisons écologiques... et économiques surtout.
Ce projet comportait : 1) le percement d'un tunnel exutoire complémentaire
au Pont de la Clue, 2) l'inversion - en cas de crue- du courant entre
le Pont du Suve et le Pont de la Clue, pour soulager Toulon d'un débit
important, enfin 3) un alésage du tunnel de Lamalgue et 4) des travaux
de recalibrage dans le Plan de la Garde et huit "bassins de rétention".
L'A.I.R.E : association intercommunale des riverains
En 1998, Jean Fauconnet, riverain inondé de 78, ingénieur hydraulicien,
a créé avec quelques amis l'A.I.R.E, Association Intercommunale des
Riverains de l'Eygoutier, en se fixant comme objectif premier de faire
rouvrir le dossier de 93 et le faire avancer après une nécessaire actualisation.
Depuis l'association compte plus d'une centaine d'adhérents directs
et plusieurs centaines représentés par leurs associations et CIL adhérents
(dont l'ADPLG, association de défense du Plan de la Garde, les CIL de
Sainte Marguerite, des Ameniers, du Collet de Gipon-Pont du Suvé,
de la Palasse-la Barentine et du Pradet.). L'A.I.R.E est membre du M.A.R.T
(Mouvement d'Actions pour la Rade de Toulon et le littoral varois),
fédération d'associations de l'aire toulonnaise à l'origine du contrat
de Baie de la rade de Toulon.
Le S.I.A.H.E, présidé,à l'époque ,par Jean-Louis Oltra,
a admis des membres du bureau de l'A.I.R.E dans les réunions de la Commission
des Travaux du Syndicat. Depuis plusieurs années ces réunions consistent
principalement à suivre la reprise des études des différents éléments
du "Projet de 93", leur mise à jour et enfin des études complémentaires
en application des nouvelles lois et règles sur l'environnement et la
gestion des subventions publiques. Le maître d'œuvre en est le
cabinet Daragon-Conseil (Sogréah) qui avait déjà fait les études de
92-93. Les Services de l'Etat (Mise, Diren, DDE relayée ensuite
par la DDAF) contrôlent et orientent ces études avant qu'elles soient
acceptées par le Préfet.
L'A.I.R.E comme le S.I.A.H.E ont pour objectif le percement le plus
tôt possible du second exutoire du Pont de la Clue ; ensuite
l'inversion du tronçon de Ste Marguerite( si cette réalisation
est retenue après une étude particulière en vue
d'éviter les inondations de Toulon et notamment de la Rode ,
confiée en 2006 au groupe SCE) . La réalisation de l'ensemble
du projet prendra plusieurs années, ce qui permettra d'ajuster chaque
étape en fonction de l'expérience acquise avec la précédente et un étalement
des dépenses.
.
Comme second objectif, l'A.I.R.E, se fondant sur le fait que les riverains
n'entretiennent plus le cours d'eau comme ils y sont légalement tenus
(entre autres du fait de l'incivisme mais aussi de l'urbanisation en
immeubles, de la disparition de l'intérêt agricole du cours d'eau) estime
que si l'on veut conserver un ruisseau digne de ce nom, il est indispensable
que son statut soit changé et que la collectivité assure son entretien
régulier et permanent (formule qui pourrait être étendue à tous
les cours d'eau de l'agglomération toulonnaise, sous la direction d'un
"chargé de rivières").
Cet objectif va plus loin que la simple satisfaction que peut donner
un paysage agréable : en raison des nombreux rejets d'eaux usées, de
matières polluantes diverses et des dépôts d'ordures dans le(s) cours
d'eau, il concerne la salubrité des zones traversées ainsi que celle
de la rade de Toulon qui fait l'objet du Contrat de Baie. Dans le même
ordre d'idée le problème des communications entre les réseaux d'assainissement
et les pluviaux se pose de manière aiguë : les fortes précipitations
en montrent toute l'ampleur en provoquant des inondations par des eaux
vannes de nombreuses habitations.
Rejoignant ce souci d'ordre écologique, l'A.I.R.E souhaiterait que
les aménagements hydrauliques projetés soient conçus pour que les exutoires
du Pont de la Clue fonctionnent en déversoir des seuls débits excédentaires
de manière à ce que soit assurée la continuité d'un débit d'eau minimum
en toutes périodes, au contraire de ce qui se passe actuellement, où
le débit vers Toulon est trop fréquemment et souvent longtemps interrompu
par le levage d'un batardeau qu'il faut refermer manuellement ensuite
; là encore la salubrité est en cause : le ruisseau sec ou à demi sec
ne dilue plus les effluents parasites, favorise la reproduction des
moustiques, sent mauvais, reçoit plus d'ordures (ou ne les évacue plus)
; de plus cela réduit ou empêche la permanence de la faune aquatique
et attire les rats.
Où en est-on aujourd'hui ? : (décembre
2008)
Le S.I.A.H.E a pour objectif limité d'obtenir début 2009 la
DUP pour le 2ème tunnel.
Parallèlement il a mandaté une Société d'études
(la SRC) pour qu'elle propose un shéma d'aménagements
pour réduire les inondations de Toulon : aujourd'hui le syndicat
a à choisir entre 7 scénarios,dont certains comprennent
l' "inversion" , laquelle conditionne la tête du futur
tunnel .
L'idée de créer une équipe d'entretien fait son chemin ; mais nécessite
une modification des statuts du S.I.A.H.E ; pour le moment une DIG (déclaration
d'intérêt général) est en cours d'établissement pour autoriser sur ses
fonds l'entretien annuel de sécurité qu'il assure depuis 1978. L'admission
de la Crau dans TPM au début de 2009 devrait faciliter la transformation
du SIAHE en syndicat mixte
Le maintien en eau - l'été notamment , si tant est que celà
reste possible après 4 étés de grande sècheresse
- nécessite des échanges de communications pour la fermeture du batardeau
du Pont de la Clue , d'où le souhait d'inclure une solution permanente
dans l'exécution du projet.
Philippe Roederer
Président de l'A.I.R.E